23 Nov 2022
Avec le cœur et le corps
J’ai été missionnaire dans des pays étrangers pendant 39 années. Quand je suis revenu dans mon pays en 2006, j’ai réalisé que mon propre pays était devenu, lui aussi, une terre de mission. J’ai donc continué à être missionnaire ici.
Par Fr. René Mailloux, f.m.s.
Dernièrement, j’ai eu l’occasion de réfléchir sur les parties de mon corps les plus utilisées dans ce travail missionnaire. Bien entendu, c’est le cœur qui vient en premier. Aimer Dieu et son prochain est l’essence du travail missionnaire. Que pouvons-nous utiliser d’autre ?
Il y a la bouche et la voix. Après tout, c’est la parole de Dieu que l’on partage et que l’on explique. J’ai enseigné, j’ai catéchisé, j’ai animé des groupes de jeunes et j’ai donné des retraites. J’ai fait des ADACE (Assemblée dominicale en attente de célébration eucharistique) quand le prêtre était absent. J’ai dialogué avec des non-chrétiens et j’ai fait bien d’autres choses en utilisant ma bouche et ma voix.
Il y a aussi les mains qui ont eu une part dans mon travail missionnaire. Ce ne fut pas seulement pour serrer les mains de nouveaux amis, mais aussi pour construire les écoles et les maisons de formation, pour réparer l’aqueduc de la zone où nous vivions. J’ai aussi soigné beaucoup de malades. Le professeur de biologie que j’étais était le plus proche que l’on avait du personnel médical. J’ai fait des pansements et des points de suture, donné de nombreuses injections et conduit de nombreuses femmes enceintes vers l’hôpital. J’ai bien utilisé mes mains pour « missionner ».
Il ne faudrait pas oublier les jambes et les pieds. Être disciple-missionnaire, c’est savoir marcher pour aller à la rencontre des gens et se faire proche. En Haïti, il n’y avait qu’une seule route qui traversait le village. Nous l’empruntions pour aller visiter nos élèves, porter la communion aux malades, célébrer des funérailles là où il n’y avait personne pour le faire. Pour bien d’autres raisons, il fallait marcher dans des sentiers que seules les chèvres appréciaient. Oui, mes pieds et mes jambes m’ont été utiles pour mon travail de missionnaire.
Dernièrement pendant la pandémie, notre curé m’a demandé d’aller porter la communion à des personnes seules. La première fois, j’avais apporté mon Prions en Église et j’avais préparé une petite cérémonie pour l’occasion. Je me suis présenté à la première adresse. Une dame de 98 ans était tout heureuse de me voir, et, à peine étais-je assis, elle me raconta sa vie, ses bobos, elle me parla de ses enfants, de son défunt mari et de son amie qui était en des conditions moins bonnes qu’elle-même. Ce temps d’écoute devint prioritaire. Après quoi, j’ai dû oublier ma petite cérémonie, lui donner la communion rapidement et partir.
Mon arrêt suivant était chez l’amie de la première dame. Quand j’étais assis, elle me raconta toute son histoire que je connaissais déjà. J’ai réalisé que l’important n’était pas que je connaisse l’histoire, mais qu’elle puisse me la raconter elle-même. Je l’ai écoutée, j’ai omis ma petite cérémonie et j’ai continué à faire de l’écoute compatissante chez les autres personnes.
Pendant le confinement, je n’ai pas pu aller porter la communion, mais je leur ai téléphone et je les écouté. J’ai réalisé que ces personnes, qui vivent seules, ont principalement besoin d’être écoutées. Je suis donc devenu missionnaire plus que jamais avec mes oreilles. Je demande à Dieu de garder mes oreilles à l’écoute le plus longtemps possible.
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