Pauline Jaricot
Pauline Jaricot (1799-1862) a été béatifiée le 22 mai 2022 dans sa ville natale de Lyon, en France. Méconnue encore par beaucoup, elle est une des figures les plus importantes de l’Église. On lui doit la fondation de l’Œuvre pontificale de la propagation de la foi qui mena à la création du réseau mondial des Œuvres pontificales missionnaires, contribuant ainsi à donner un nouvel élan missionnaire à l’Église de son époque jusqu'à aujourd'hui.
Sur cette page spéciale vous trouverez différentes ressources, vidéos et textes pour vous permettre de découvrir et célébrer la bienheurese Pauline Jaricot, alors que nous célébrons une année de jubilés pour les Œuvres pontificales missionnaires.
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Faire un donBéatification de Pauline Jaricot
Le 26 mai 2021, le pape François a autorisé la promulgation du décret qui reconnaissait le miracle de la guérison de la petite Mayline attribué à Pauline Jaricot, ouvrant ainsi la porte à la béatification de cette dernière.
Regardez le témoignage des parents de Mayline
Lisez l’histoire détaillée de la guérison de Mayline
Béatification
Pauline Jaricot a été béatifiée le 22 mai 2022, dans sa ville natale de Lyon (France), lors d’une célébration présidée par le cardinal Luis Antonio Tagle, du Dicastère pour l’évangélisation.
Regardez la rediffusion de la cérémonie par KTO TV:
La vie de Pauline Jaricot
Le contexte de l’époque
Dans la première moitié du XIXe siècle, l’ère de l’industrialisation donne naissance, en France, à une nouvelle classe sociale pauvre, misérable, corvéable à merci.
À Lyon, sur les pentes de la Croix-Rousse, les canuts, artisans en soierie, sont attelés aux métiers à tisser et travaillent 17 heures par jour en échange de revenus médiocres, situation qui pousse parfois leurs filles à se prostituer pour que leur famille puisse arriver à survivre.
La famille Jaricot qui, en 1815, déménage au 21, rue Puits Gaillot, adresse située entre la paroisse Saint-Nizier et la paroisse Saint-Polycarpe, ne peut pas ignorer les conditions de vie et de travail de cette population déshéritée, souvent méprisée et exploitée.
En ce début du XIXe siècle, l’Église de France est affaiblie par les mesures votées à son encontre dans la mouvance de la Révolution de 1789 : constitution civile du clergé amenant division entre prêtres réfractaires et prêtres assermentés, suppression du budget des cultes. Une vague de déchristianisation appauvrit l’Église de France qui doit subir une opposition anticléricale. Le concordat signé en 1801 entre Pie VII et Napoléon établit un modus vivendi, mais attribue à ce dernier, qui nomme les évêques, la suprématie du pouvoir.
Les catholiques sont divisés entre deux courants d’opinion : celui des ultramontains fidèles au Pape et celui du gallicanisme qui vise une certaine autonomie de l’Église de France vis-à-vis du Saint-Siège.
C’est dans ce contexte que va grandir et évoluer Pauline Jaricot et que se dessinent sa personnalité et ses choix.
Enfance et adolescence
Pauline Jaricot vit une enfance et une adolescence heureuses entre des parents attentifs, des frères et sœurs bienveillants et protecteurs. À 10 ans elle est envoyée en pension à Fourvière dans une petite école privée où un prêtre offre la catéchèse. Le 16 avril 1812, elle reçoit les sacrements de la confirmation et de la première communion en la cathédrale Saint-Jean.
De 13 à 17 ans, elle fréquente le monde exclusif des soyeux. Elle mène une vie mondaine, insouciante et festive entre la maison paternelle, la propriété de Tassin, domaine de Sophie, sa sœur, devenue madame Zacharie Perrin – riche fabricant de soie – et le château de Saint-Vallier où réside Marie-Laurence, son autre sœur, épouse de Monsieur Charton, le principal industriel en soierie de la localité.
Pauline est belle, riche, coquette. Elle a la santé et elle jouit d’une belle réputation. Mais, commente monseigneur Cristiani, un de ses biographes, il y a chez elle un fond de sérieux et de tragique sous les apparences de coquetterie et de légèreté.
Le dimanche des Rameaux 1816, Pauline se rend avec sa sœur Sophie en l’église Saint-Nizier pour participer à la célébration eucharistique. Ce jour-là, l’abbé Würtz fait un sermon sur « les illusions de la vanité, l’être et le paraître ». Pauline se sent interpellée. Elle demande conseil au prêtre, qui lui dit : « Offrez-vous sincèrement à Notre Seigneur pour qu’il puisse accomplir ses desseins sur vous. » Ce jour restera dans la mémoire de Pauline comme celui de sa conversion (biographie publiée par Julia Maurin en 1892).
La conversion
Pauline rompt alors avec ses goûts et ses habitudes. Elle décide de se vêtir comme les ouvrières en soierie de la Croix-Rousse.
Elle s’active à visiter les pauvres et les détenus dans les prisons, à soigner les malades, à recueillir les enfants des rues. Elle vient en aide aux prostituées qui arpentent la rue Mercière. Elle en fait embaucher un certain nombre dans l’usine de Saint-Vallier que dirige son beau-frère.
Le 25 décembre 1816, jour de Noël, en la chapelle Notre-Dame de Fourvière, elle fait vœu de chasteté perpétuelle et s’engage à consacrer sa vie à Dieu et aux autres.
En 1817, Pauline rassemble autour d’elle quelques ouvrières en soierie pour mener une vie de prière et de charité. Elle les nomme « Les Réparatrices du cœur de Jésus, méconnu et méprisé », amorçant un courant réparateur qui va alimenter le culte du Sacré-Cœur officialisé par le pape Léon XIII en 1899.
L’Œuvre de la propagation de la foi
En 1818, Philéas, son frère séminariste à Saint-Sulpice à Paris, demande à Pauline une aide financière pour les missions en Chine, soutenues par les Pères des Missions étrangères de Paris (rue du Bac). C’est la naissance du « sou hebdomadaire », une quête de « la main à la main » que Pauline met en œuvre avec les Réparatrices et les 200 ouvrières de l’usine de Saint-Vallier.
À l’automne 1819, Pauline élabore un mode d’organisation qui allie aide matérielle et réveil des valeurs spirituelles, et dont le but est de sensibiliser l’opinion aux questions missionnaires en faisant de chaque fidèle un acteur potentiel. Il s’agit, écrit-elle, de créer des dizaines d’associés avec des chefs de dizaines, puis de centaines qui, regroupés aussi par dix, chapeautent mille associés… Cette action fera très vite des adeptes. Les offrandes afflueront et seront versées intégralement aux Missions étrangères de Paris. Les missions d’Amérique, informées, s’associeront à cette démarche.
Le 3 mai 1822, l’Œuvre de la propagation de la foi est fondée officiellement à Lyon
Cette œuvre revêt un caractère universel selon le vœu de mademoiselle Jaricot. Son siège central est établi à Lyon et sera transféré à Rome en 1922, date où l’œuvre deviendra pontificale sous la responsabilité de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Il convient de souligner cette intuition fondamentale de Pauline Jaricot qui déploie et met en exergue, avec cette première initiative, le rôle du laïcat dans l’Église.
Pauline, dont la qualité de fondatrice n’est pas reconnue, ne s’en formalise pas : « Tant mieux, dit-elle, si l’œuvre a été prise en charge par des mains plus expertes que les miennes. »
Elle estime qu’elle doit rester au service des urgences de la charité à mesure qu’elles se présentent. Elle se retire alors pour rédiger, selon le conseil de l’abbé Würtz, outre sa biographie, un petit traité de spiritualité intitulé L’Amour infini dans la Divine Eucharistie.
Elle vit une paix intérieure qu’elle exprime de la manière suivante : « Une source de paix, c’est de marcher derrière Jésus en regardant sa trace dans chaque action qu’on fait, jetant le passé dans le sein de sa miséricorde et l’avenir dans son adorable volonté pour ne s’occuper que du moment. »
Pauline ouvre ainsi « la petite voie de l’enfance spirituelle » que développera plus tard sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.
L’œuvre du Rosaire vivant
Pauline Jaricot est sensible à l’appel lancé par le pape Léon XII en l’année jubilaire 1825 à dénoncer la poussée d’anticléricalisme en France. Affligée par la déchristianisation de la société, elle décide de s’attaquer à la racine du mal. Pour elle, « le seul antidote à l’athéisme, c’est la vie de prière ».
C’est dans cet esprit qu’elle fonde, en 1826, l’œuvre du Rosaire vivant selon les mêmes objectifs d’universalité, de solidarité, de spiritualité qui l’ont animée et la même méthode qu’elle a utilisée pour l’Œuvre de la propagation de la foi.
Le Rosaire consistant en la méditation de la vie du Christ et de celle de la Vierge Marie par la récitation de trois chapelets de cinq dizaines, Pauline organise des groupes de 15 associés correspondant aux quinze mystères du Rosaire. Elle souhaite faire approuver son association par Rome. Un Bref du pape Grégoire XVI la reconnaît officiellement en 1831.
Le Rosaire vivant fera très rapidement des adeptes et contribuera activement au renouveau marial, terreau où vont se manifester plusieurs apparitions de la Vierge.
L’Enfance missionnaire
Mademoiselle Jaricot projette de développer ce qui serait pour elle la Propagation enfantine de la foi. Elle est la première à fournir sa contribution à l’œuvre de la Sainte-Enfance, fondée par Monseigneur de Forbin-Janson en 1843, appelée aujourd’hui l’Enfance missionnaire.
Une étude, parue dans la revue Missions catholiques de septembre 1935, met en relief « cette œuvre admirable qui fait recette et permet à des milliers d’enfants d’être baptisés et éduqués ». L’auteur conclut : « Mademoiselle Jaricot fut en quelque sorte la Jeanne d’Arc des missions. » Pauline attend « qu’occasion lui soit donnée pour répondre à un besoin pressant de l’Église ».
La recherche de sa vocation
En 1831, Pauline demeure dans la maison de Nazareth sur la colline de Fourvière. Elle fonde un hospice pour les femmes pauvres et âgées à l’angle de la montée des Chazeaux et de la montée Saint-Barthélemy.
Cette même année, elle fait une retraite chez les Dames de la Visitation à Avignon où elle éprouve le besoin d’entrer en religion, aspirant à la vie du cloître. Le père Renault, un jésuite, l’en dissuade, l’invitant à rester en l’état de laïque « où elle accomplirait mieux la volonté de Dieu ».
La Maison de Lorette : siège du Rosaire vivant
En 1832, elle achète la maison de La Breda, montée Saint-Barthélemy, qu’elle nomme « Maison de Lorette ». Elle place une statue de Marie au-dessus de la porte d’entrée et fait inscrire sur le fronton de la façade : « Marie conçue sans péché, priez pour nous. »
Elle installe une chapelle à côté de sa chambre où elle instaure la pratique de l’adoration eucharistique permanente. Elle rassemble autour d’elle une communauté de jeunes filles pieuses qu’elle nomme « Les filles de Marie ». Elle fait de la Maison de Lorette le siège de l’œuvre du Rosaire vivant.
Le souci de l’unité des chrétiens
Mademoiselle Jaricot a le souci de l’unité des chrétiens. Chaque samedi, dans la chapelle Saint-Thomas-Becket, elle organise une prière pour le rapprochement des Églises, sorte de prélude à la « Semaine de prière pour l’unité des chrétiens » que créera l’abbé Coutirier en 1935, traçant ainsi une voie à l’œcuménisme.
Les voyages à Rome de Pauline
Pauline, en fille éprouvée de l’Église et appréciée par les papes successifs, fera trois voyages à Rome :
- En 1835, elle rend visite au pape Grégoire XVI qui encourage son action en faveur de l’Évangélisation et de la vie de prière. Malade, elle va en pèlerinage à Mugnano qui a acquis une certaine célébrité à la suite de guérisons obtenues par l’intercession de sainte Philomène. De retour à Lyon, elle fait construire une chapelle dans sa propriété, par l’architecte lyonnais Antoine Chenavard, en l’honneur de sainte Philomène.
- En 1839, elle est reçue triomphalement de nouveau par le pape Grégoire XVI comme fondatrice du Rosaire vivant et de la Propagation de la foi.
- En 1856, ruinée, elle demande aide et protection au pape Pie IX qui appuie ses démarches destinées à rembourser ses créanciers l’ayant soutenue dans la création de son Œuvre des ouvriers.
Son héritage
Pauline Jaricot, dans une misère totale, est obligée de s’inscrire au bureau de bienfaisance de son quartier.
Malade, elle continue à venir en aide aux plus pauvres, soutenue par ses Filles de Marie.
Au petit matin du 9 janvier 1862, elle meurt. Ses proches, les prolétaires de la soierie, canuts et canuses, lui font cortège jusqu’au cimetière de Loyasse où elle est enterrée dans le caveau familial.
Le 13 juin 1881, le pape Léon XIII, dans une déclaration en l’église Saint-Pierre de Rome, la réhabilite : « C’est elle qui organisa la belle Œuvre de la propagation de la foi. […] C’est elle qui propagea merveilleusement et rendit incessante l’invocation à la Mère de Dieu. On devait encore à cette pieuse vierge les commencements de l’Œuvre qui a pour but la régénération des ouvriers […] à laquelle Pauline Jaricot avait consacré les amples ressources de son patrimoine. »
Si le cardinal Decourtray, en 1986, souhaite, dans sa préface à l’ouvrage du père Georges Naïdenoff, que « Pauline Jaricot soit sans trop tarder porter sur les Autels », le pape Jean-Paul II, lors de sa venue à Lyon en 1999, évoquant « l’œuvre entreprise par Pauline Jaricot pour répandre l’Évangile jusqu’aux extrémités de la Terre », fait l’éloge de « cette vocation exceptionnelle qui embellit une longue tradition de témoins du Christ remontant aux martyrs de Lyon et à saint Irénée » (cf. Colette Tempere, janvier 2014).
Le mardi 26 mai 2020, le pape François autorise la publication du décret du miracle attribué à l’intercession de la vénérable Pauline-Marie Jaricot, décret qui est publié le jour même. L’annonce de sa prochaine béatification reconnaît l’histoire d’une femme qui a fait preuve d’une grande imagination au service de l’Évangile : « Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie! » (cf. Ps 117, 24)
« Profondément enracinée dans la prière, Pauline a su inventer le premier réseau social missionnaire », soulignent les Œuvres pontificales missionnaires de France ².
¹ Extraits du site paulinejaricot.org, consacré à Pauline Jaricot.
² Article de l’agence Fides, 3 juin 2020.
Ressources et matériaux
Neuvaine avec la bienheureuse Pauline Jaricot
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