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02 Déc 2025

Aimer les pauvres : le grand défi

Par Yoland Ouellet, o.m.i.

« Je t’ai aimé » (Ap 3,9) ¹ est le titre de la première exhortation apostolique du pape Léon XIV, signée le 4 octobre dernier en la fête du « petit pauvre », saint François d’Assise. L’exhortation nous offre de réfléchir sérieusement à une dimension importante de la vie en société et de la vie chrétienne : notre amour et notre charité envers les pauvres. Le document est publié dans un contexte social où nous assistons à la croissance d’élites riches vivants dans leur bulle luxueuse (cf. Dilexi te, n. 11), indifférentes des millions de gens mourants de faim ou survivant dans des conditions de misère.

Ce qui est frappant dans l’Évangile, c’est de voir Jésus s’identifier aux pauvres, comme nous le rappelle la nuit et le contexte de sa naissance. Il va se soucier des malades, des misérables, des rejetés, des mal-aimés de toute sorte. Il dira enfin qu’il est là dans tous ces pauvres aux multiples visages et que tout ce qu’on fait pour eux, les plus petits de ses frères, c’est à lui que nous le faisons (cf. Mt 25,40). Le Saint-Père écrit : « En écoutant le cri du pauvre, nous sommes appelés à nous identifier au cœur de Dieu qui est attentif aux besoins de ses enfants, en particulier les plus démunis. » (n.8). L’histoire sainte a commencée par l’intervention de Dieu qui dit : « J’ai vu la misère de mon peuple, j’ai entendu le cri de ses supplications. » (Ex 3,7)

Le Pape nous rappelle que l’exercice de l’aumône et de la charité doit être le cœur brûlant de la mission de l’Église. Augustinien, il cite ces mots de Saint-Augustin qui donne à réfléchir : « Tu ne donnes pas à un pauvre en prenant sur ce qui t’appartient, mais tu lui rends en prenant sur ce qui lui appartient. En effet, ce qui a été donné pour l’usage commun, toi seul te l’appropries. » (n.43) Pour bien comprendre, il nous rappelle ce qui s’est dit au concile Vatican II : « Dieu a destiné la Terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous en sorte que les biens de la Création doivent équitablement affluer entre les mains de tous […]. C’est pourquoi l’Homme ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes : en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres. Tous les Hommes ont le droit d’avoir une part suffisante de biens pour eux-mêmes et leur famille. […] Celui qui se trouve dans l’extrême nécessité a le droit de se procurer l’indispensable à partir des richesses d’autrui » (cf. Gaudium et spes) (n.86).

Tirant des extraits du Nouveau et de l’Ancien Testament pour faire comprendre l’importance de cet amour envers les pauvres (n.4-8; 16-34), le Saint-Père se questionne sur nos préjugés et nos idéologies mondaines face aux pauvres (n.13-15). « Les pauvres ne sont pas là par hasard ni en raison d’un destin aveugle et amer, écrit-il. La pauvreté n’est pas non plus, pour la plupart d’entre eux, un choix » (n.14). Cela fait réfléchir et peut nous faire changer des façons de voir. Enfin, après avoir démontré comment tant de saints et de communautés religieuses ont pris à charge les pauvres de leur temps (n.37-79), Léon XIV se montre nettement le pape de la doctrine sociale de l’Église dont il fait le résumé des 150 dernières années (n.82-102). Puis il appel à dénoncer toute structure d’injustice : « Il incombe donc à tous les membres du Peuple de Dieu de faire entendre, même de différentes manières, une voix qui réveille, qui dénonce, qui s’expose même au risque de passer pour des “idiots”. Les structures d’injustice doivent être reconnues et détruites par la force du bien, par un changement de mentalités, mais aussi, avec l’aide des sciences et de la technique, par le développement de politiques efficaces pour la transformation de la société. » (n.97)

Si Noël c’est l’amour, cette exhortation chrétienne et sociale nous pousse à le vivre. Ignorer les réalités dans lesquelles vivent les pauvres « reviendrait à s’identifier au “riche bon vivant” qui feignait de ne pas connaître Lazare le mendiant gisant près de sa porte (cf. Lc 16, 19-31) », écrivait Jean-Paul II.

Le Saint-Père, en conclusion de son exhortation, met beaucoup d’espérance sur l’amour et tout son potentiel : « L’amour chrétien brise toutes les barrières, rapproche ceux qui sont éloignés, unit les étrangers, franchit des abîmes humainement insurmontables, pénètre dans les replis les plus cachés de la société. De par sa nature, l’amour chrétien est prophétique, il accomplit même des miracles, il n’a pas de limites : il est pour l’impossible. » (n.120)

À son conseil : si on s’exerçait à l’aumône pour en arriver à rejoindre et à aider quelques pauvres. Notre amour envers les pauvres est le défi incontournable de notre temps. On le voit bien à présent avec les jeunes. Ils luttent dans différents pays contre les injustices, les inégalités, la corruption, etc. Devant la pauvreté croissante, la jeunesse nous interpelle et, par le même coup, nous invite à relever ce grand défi.

 

¹ Dilexi te (Je t’ai aimé, en latin) est le titre originel de l’exhortation apostolique du pape Léon XIV.

 

 

(Photo: Pexels.com / Hitesh Choudhary)

 

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