Benoit XVI s’éteint, son héritage missionnaire continue

Au lendemain de l’inauguration de son pontificat en avril 2005, Benoît XVI a annoncé son intention de marcher sur les traces de son prédécesseur Jean Paul II. Même si celui-ci tient le record du pape ayant effectué le plus de voyages en dehors de l’Italie jusqu’à date, avec 104 en 26 ans de pontificat, Benoit XVI effectua, quant à lui, 25 voyages lors de son pontificat de huit ans.

Ses voyages montrent clairement qu’il avait le souci d’annoncer la Bonne Nouvelle dans les quatre coins du monde. En effet, ses tournées furent centrées d’abord sur les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ). Il alla à la ville de Cologne, de Sydney, et de Madrid. Et puis, il visita les pays d’Europe comme le Royaume-Unis, l’Espagne, le Portugal; les pays d’Amérique latine comme le Mexique et Cuba; les États-Unis; les pays d’Asie comme le Liban et la Turquie; les pays d’Afrique comme le Bénin, le Cameroun et l’Angola. On pourrait simplement dire qu’il a fait un tour du monde missionnaire.

Je me rappelle qu’un samedi de septembre 2008, je venais d’arriver à Paris pour commencer mes études. Ce fut un grand plaisir d’assister à la messe célébrée par ce pape sur l’esplanade des Invalides. Je garde en souvenir une étole de couleur noire et violet en recto-verso. Les textes de ses prédications étaient distribués avant les célébrations. Les Français étaient étonnés d’entendre comment il maitrisait si bien leur langue. Il était un grand professeur et un grand théologien. Avec sa voix douce et sa pensée solide et profonde, l’auditoire avait du plaisir à l’écouter.

Ses trois encycliques furent basées sur les trois vertus théologales; la charité, l’espérance et la foi. Deus Caritas (Dieu est amour), en 2005, explique ce qu’est Dieu pour l’Humanité dans l’histoire du salut. Spe Salvi (Sauvés par l’espérance), en 2007, traite de l’espérance, et de son lien avec la foi. Caritas in veritate (La charité dans la vérité), en 2009, explique les aspects du développement durable dans le respect de la dignité de l’Homme. Son livre en 3 tomes, Jésus de Nazareth, reste un succès mondial et un testament spirituel pour les fidèles.

Je retiens deux de ces interventions publiques en lien avec la Mission*. Devant les participants à l’Assemblée générale des OPM, il avait déclaré : « Le ministère de l’évangélisation est fascinant et exigeant: il requiert l’amour pour l’annonce et le témoignage, un amour presque total qui peut se caractériser aussi par le martyre » (Rome, mai 2011). Devant les directeurs nationaux des OPM, il dit : « L’évangélisation, qui revêt toujours un caractère d’urgence, pousse l’Église de notre temps à œuvrer avec un rythme toujours plus soutenu sur les chemins du monde, pour conduire chaque homme à la connaissance du Christ » (Rome, mai 2012). Aujourd’hui, la Mission a besoin de renouveler sa confiance dans l’action de Dieu.

Son geste de donner sa renonciation en 2013, étonne le monde qui voit dans ce geste un acte révolutionnaire. Lui qui fut caractérisé de missionnaire conservateur, il est considéré alors comme « démissionnaire » innovateur. Il n’a pas voulu rester en poste jusqu’au dernier souffle. Il aura marqué notre siècle. Retiré dans un monastère, il consacra sa vie à la prière avant de rendre son âme le 31 décembre dernier à l’âge de 95 ans. Qu’il repose en paix.

* Pour aller plus loin: Quelques extraits du magistère missionnaire du Saint-Père Benoît XVI

(Photo: Vatican News)