18 Oct 2022
L’urgente mission
Par P. Yoland Ouellet, o.m.i., directeur national des Œuvres pontificales missionnaires au Canada francophone
En ce moment, l’état du monde est alarmant. Quand on fait une brève analyse du panorama sociopolitique du monde, il y a de quoi être dérangé. Personnellement, tout me parle d’urgence. On nous parle d’une guerre sans issus qui oblige des millions de gens à trouver demeure ailleurs et qui se joignent ainsi à tant d’autres réfugiés qui quittent des pays d’oppression dans l’espoir d’en trouver un qui apportera un avenir pacifique et plus sécurisant.
Malheureusement, ce n’est qu’un problème parmi tant d’autres. L’inflation est partout, ainsi que la dette sociale. La croissance de la pauvreté, elle, engendre de multiples problèmes de malnutrition, de santé, de violence, d’insécurité financière. Par conséquence, une véritable crise de confiance s’installe et frappe nos institutions dont les effets se font ressentir au sein de nos gouvernements, de notre pouvoir judiciaire, même chez nos policiers. L’élite politique se montre peu engagée pour changer les structures actuelles et les inégalités sociales s’écartent davantage. Pourra-t-on s’en sortir de tout ça? C’est la question que se posent des millions de personnes en situation de pauvreté.
L’état socioreligieux m’interpelle et m’inquiète tout autant. Le climat social a tout un effet sur les religions et ses divers croyants. Ici aussi, une vraie crise de la confiance les affecte. Les gens optent alors pour l’individualisation et la privatisation de la religion, ou encore pour un pluralisme et un extrémisme religieux… voire même vivre sans religion, une forme croissante de sécularisation. Pourquoi être catholique? À quoi sert d’avoir des religions? Au-delà de choix éthiques, de certaines valeurs privilégiées, on se retrouve, plus que jamais, devant le Dieu inconnu. Ces questions se retrouvent alors envahies par la religion du marché, du matérialisme. Les baby-boomers – dont je fais partie –, la génération X, et la génération Y, je les qualifie de générations plutôt silencieuses à transmettre un message de foi et dont elles pourraient donner espoir et sens pour ce monde.
Le Christianisme a-t-il quelque chose à dire et à donner à ce contexte social globalisé, en cette heure où nous avons perdu le chemin de la paix et le sens de la fraternité universelle ? En cette heure d’intérêts nationalistes et d’iniquité du mal qui suppriment tant de vies humaines ? Je crois que oui. Car, il nous révèle un Dieu qui ne nous abandonne pas et qui peut nous aider, toute l’Humanité ensemble, à transformer l’Histoire avec lui. Il nous révèle un Dieu qui a un plan, une vision, et un chemin tracé depuis 2000 ans, si on sait bien l’écouter. Une humanité nouvelle est donc proposée et offerte, par grâce.
Si la mission des chrétiens dans le monde est de proposer la foi tout en la vivant de manière simple, je me demande toutefois à quel degré de conscience y sont-ils parvenus, quant à la dimension intrinsèquement libératrice du message du Christ ? Il y a une urgente mission et c’est celle d’une nouvelle évangélisation. Elle a le potentielle de devenir un véritable facteur de libération et de nous faire découvrir un vécu concret de foi qui touchera et changera le concert des nations, prouvant que le Christ aura bien été reçu dans nos sociétés.
Je garde espoir. La concorde peut revenir dans notre monde malgré le fait qu’il soit fauché par la guerre et par la faim, par les injustices et par la misère; la fraternité est possible pour notre famille humaine pourtant éclatée. Une qui a gardé et maintenu cette espérance, c’est la bienheureuse Pauline Jaricot, à qui l’on doit les Œuvres pontificales missionnaires. La jeune femme qu’elle était au début du 19e siècle, avait déjà compris tout cela en proposant deux moyens complémentaires d’agir : la prière et l’amour fraternel concrétisé par des gestes de partage dans la forme d’œuvres de solidarité.
Aujourd’hui, Pauline Jaricot m’aide à garder espoir. Elle, qui était une femme dévouée à la prière du Rosaire, me fait rappeler que les chrétiens ont aussi une mère à qui se confier en tout temps… encore plus à l’heure de la tempête! C’est ainsi que le pape François priait, en leur nom comme au nom de la grande famille humaine : « Le “oui” qui a jailli de ton cœur a ouvert les portes de l’Histoire au Prince de la paix ; nous espérons que la paix viendra encore par ton cœur. Nous te consacrons l’avenir de toute la famille humaine, les nécessités et les attentes des peuples, les angoisses et les espérances du monde. » (Acte de consécration de la Russie et de l’Ukraine au Cœur immaculé de Marie, 25 mars 2022)
Dans cette urgente mission, continuons de prier. Agissons aussi en faveur du développement des peuples aux plans humain, social et économique. Luttons pour les droits de l’Homme ainsi que pour son salut intégral. Les chrétiens proposant l’Évangile au monde, vont continuer de s’engager pour la justice et pour la défense des opprimés. Ils font face à de nouveaux défis et de nouveaux devoirs dans la Mission : être l’Église des pauvres, comme disait Jean-Paul II, et opérer une transformation sociale en leur faveur; être en mission ad intra et ad extra, afin de réanimer la foi des baptisés tout en étant solidaire avec les peuples sur tous les continents. Enfin, être en dialogue avec les autres religions et ceux qui se réclament non-religieux afin de trouver des actions et des chemins unificateurs, en faveur du bien communion, avec le but d’enrayer le fléau de la misère et de la pauvreté.
Notre mission est urgente. Agissons maintenant!
(Photo: Pixabay)
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