< Retour au blogue

29 Août 2024

Mes impressions malgaches: jamais deux sans trois

Par P. Alfonso Bartolotta, o.m.i.

Pourquoi dit-on fréquemment cette expression « Jamais deux sans trois » ? Tout simplement parce que quand un événement survient deux fois, il peut se reproduire une troisième fois. C’est mon cas par rapport au voyage dans l’île rouge de l’océan Indien, Madagascar ! J’y étais par deux fois, en 2010 et en 2012, me voici à nouveau une troisième fois pour une période sabbatique de huit mois. Il s’agit de prendre du temps pour visiter et découvrir les missions confiées à mes confrères oblats, depuis leur arrivée en 1980.

Au début, la Délégation des oblats était composée essentiellement par les polonais; aujourd’hui, après plus de quatre décennies de présence et de ministère missionnaire, le groupe est majoritairement malgache. C’est le fruit de l’évangélisation assidue, dans quatre diocèses, au service de plus de 500 communautés chrétiennes et auprès « des pauvres aux multiples visages », comme suggère le charisme oblat.

Après ce séjour sabbatique – plutôt sympathique oserais-je dire – je suis reconnaissant envers mes confrères qui m’ont fraternellement et chaleureusement accueilli parmi eux. C’est une immense chance pour moi d’avoir pu suivre leur rythme et sillonner les routes – souvent en mauvais état – en voiture ou en taxi-brousse, esquivant adroitement les innombrables nids-de- poule ou contournant les dos-d’âne. J’ai également eu l’occasion de m’embarquer sur plusieurs transports fluviaux – pirogue, bac, petit bateau, « taka-taka » – même huit heures d’affilée, longeant les cours d’eau du canal des Pangalanes ; ou encore de m’aventurer en taxi-moto, pendant plusieurs heures, sur les pistes boueuses, parfois pierreuses ou sablonneuses pour atteindre la mission dans les villages plus enclavés.

Eh oui, il faut l’avouer, j’ai un grand sentiment d’admiration envers mes confrères à la fois audacieux et courageux, dévoués et intrépides face aux multiples difficultés à surmonter – climatiques, routières, économiques, politiques, sociales, ecclésiales, y compris religieuses, au sens large du terme – pour répondre à l’envoi de Jésus toujours actuel : « Allez dans le monde entier annoncer la Bonne Nouvelle à tous les êtres humains » (Mc 16,15). « Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1,8)

Si ailleurs dans le monde on se pose la question « Pourquoi les églises se vident-elles ? », ici, comme dans d’autres pays, on constate l’inverse.

Si ailleurs dans le monde on se pose la question « Pourquoi les églises se vident-elles ? », ici, comme dans d’autres pays, on constate l’inverse. C’est tout à fait surprenant, ce sens du respect de la célébration dominicale – véritable jour du Seigneur – vécue avec vitalité et joie par une foule nombreuse de fidèles de tous âges, pendant toutes les messes prévues pour le week-end y compris à 6h du matin… Les chants si bien animés par les chorales apportent toujours une touche festive aux célébrations, entraînant toute l’assemblée qui, chose surprenante, connaît toutes les paroles par cœur. La beauté des célébrations – souvent d’une longue durée – dans une ambiance à la fois chaleureuse et spirituelle, les rend tellement captivantes qu’on ne se rend pas compte du temps.

Plusieurs diocèses regorgent de congrégations religieuses féminines et masculines – certaines d’origines étrangères et d’autres autochtones – offrant un large choix aux jeunes aspirants en quête vocationnelle, assurant ainsi la future relève de leurs charismes respectifs.

C’est un signe de grande richesse également chez les Oblats à Madagascar, quand ailleurs dans le monde on déplore une baisse des vocations. Trois maisons distinctes de formation offrent une pépinière de vocations : 12 jeunes pré-novices en discernement à Tamatave, 9 jeunes novices à la découverte de la spiritualité et du charisme oblat à Ambinanindrano et 30 jeunes religieux-scolastiques en formation philosophique et théologique à Fianarantsoa.

C’est un défi extrêmement important que de bien accompagner et former les jeunes durant le long processus de croissance à tous les niveaux de leur vie : humaine, relationnelle, intellectuelle, chrétienne, religieuse, sacerdotale au service de la mission universelle.

Une des priorités – dès le début de leur formation – c’est bien celle de l’ouverture à l’internationalité et à l’interculturalité, autrement dit, l’apprentissage du savoir vivre ensemble, dans un même espace avec nos différentes coutumes et habitudes.

Dans le domaine géographique et social, l’énorme île dans son entièreté offre un éblouissant cadre naturel, fabuleux et paradisiaque, envoûtant et fascinant qui paradoxalement doit se confronter à l’insécurité et à l’instabilité, à la pauvreté et à la précarité que la population essaie courageusement de surmonter au quotidien pour vivre et même pour survivre.

Dans le domaine ecclésial et missionnaire, il y a de quoi faire et inventer en vue d’une véritable pastorale de proximité concrète, plus attentive à la souffrance des autres, aux besoins réels de nos sœurs et frères en humanité.

Je pense bien évidemment que, hormis la foi, pour durer et tenir la route lorsqu’on est en mission, il faut non seulement avoir bonne mine mais surtout être en forme physiquement.

Pour conclure ce partage, je me demande s’il existe aussi l’expression « Jamais trois sans quatre… ! »

 

 

(Photo: Alfonso Bartolotta)

page2image28099520

page2image28101248

Partager sur les médias sociaux:
Partager sur les médias sociaux:

Rechercher

Effectuez une recherche par mot(s) clé(s)

Infolettre

Abonnez-vous à notre infolettre pour recevoir les toutes dernières nouvelles de nos Œuvres! Billets de blogue, nouvelles, vidéos et contenus exclusifs vous attendent à chaque mois!

Le Pape compte sur votre engagement

Contribuez au développement de l'Église en terre de mission et apportez l'espoir du Christ aux peuples.

Faire un don