16 Sep 2025
Cours pour nouveaux évêques: l’argent, la Mission et la communion avec le Pape
Par Gianni Valente
« L’amour de l’argent est la cause de tous les maux », écrit saint Paul à Timothée, avec le réalisme de la foi des Apôtres. Le même réalisme avec lequel, dans l’Église, l’argent et les biens matériels ont toujours été offerts, collectés et partagés comme signe et reflet de la gratitude pour le don de la vie nouvelle en Christ, don plus grand que toute attente, perle précieuse qui surpasse tout trésor.
Les évêques récemment nommés, réunis à Rome pour participer aux cours de formation organisés à leur intention par les dicastères du Saint-Siège, ont eu l’occasion de discuter et de s’attarder sur la mystérieuse transmutation génétique par laquelle même ce que Basile de Césarée appelait « le fumier du Diable » peut devenir un instrument de leur sollicitude épiscopale pour la mission de l’Église universelle, dans le lien de communion qui unit chaque successeur des apôtres au successeur de Pierre, l’évêque de Rome.
Les travaux de la session de l’après-midi d’hier, mardi 9 septembre, se sont déroulés dans la grande salle de l’Université pontificale urbanienne. Ils ont vu la participation conjointe des évêques inscrits au cours organisé par le Dicastère pour l’Évangélisation (Section pour la première évangélisation et les nouvelles Églises particulières) et des évêques participant au cours de formation similaire organisé par le Dicastère pour les évêques.
Les rapports et les interventions prononcés par les membres du Dicastère missionnaire, à commencer par le cardinal pro-préfet Luis Antonio Tagle, ont fourni des pistes de réflexion et de discernement.
Le « paradigme » des Actes des Apôtres
La « communion missionnaire » entre les évêques catholiques du monde entier et l’évêque de Rome, a rappelé le cardinal Tagle, « n’est pas un attribut sentimental ou décoratif de l’Église catholique ». Le pro-préfet du dicastère missionnaire a rappelé le témoignage de la première communauté chrétienne décrite dans les Actes des Apôtres, où « la fraction du pain, les prières et le partage des biens étaient les traits distinctifs de l’Église en tant que communion et témoignage missionnaire à ses débuts. Ces traits, a ajouté le cardinal, ne peuvent être différents à notre époque. Nous devons puiser continuellement à cette source ».
La « communion missionnaire » de chaque évêque avec le Successeur de Pierre et l’Église de Rome, a rappelé Tagle, implique « la sollicitude et le souci de tous les évêques pour toute l’Église ». Une sollicitude universelle qui trouve son sceau dans le soutien de chaque évêque et de son Église particulière à la mission universelle du Pape. Dans chaque évêque, a-t-il souligné, « il existe et doit exister une « tension » dynamique et vitale entre le souci de sa propre Église particulière et celui de toutes les autres Églises ». Une tension qui « ne doit pas être éliminée car, à travers le ministère de l’évêque, une Église particulière reste au sein de la Communion universelle, et ce n’est qu’au sein de cette communion qu’une Église particulière sera une véritable Église ».
Outils de communion missionnaire
Dans la mission d’annoncer l’Évangile, confiée par le Christ lui-même à son Église, tous les évêques du monde sont appelés à exprimer leur co-responsabilité avec le ministère du Successeur de Pierre par des signes tangibles, sous des formes concrètes.
Au fil du temps, la coresponsabilité missionnaire des évêques avec l’évêque de Rome s’est manifestée et structurée à travers des pratiques, des dispositions canoniques et des instruments concrets, dont l’actualité et la fécondité sont rappelées dans le rapport du docteur Giuseppe De Summa, officiel de l’administration du Dicastère, compétent en matière de comptabilité et de finances. Des instruments qui « forment un réseau de solidarité et de soutien » capable de traverser et d’unir les continents et les générations. Des structures de communion qui ne découlent pas d’une quelconque envie cléricale d’imiter les techniques modernes de marketing pour collecter des fonds, mais qui trouvent leur source « dans les premiers siècles de l’Église, lorsque les communautés chrétiennes collectaient des offrandes pour soutenir l’Église de Rome et, à travers elle, les besoins des plus pauvres ».
Dans son exposé détaillé, De Summa a retracé brièvement l’origine et l’évolution de ces instruments, à commencer par le Denier de Saint Pierre, une offrande volontaire que chaque personne peut destiner au Pape par l’intermédiaire des conférences épiscopales et des nonciatures. La formule du Denier de Saint-Pierre rappelle le « petit don » de la veuve dans l’évangile de Marc. Elle est née officiellement en Angleterre au VIIe siècle, « lorsque le roi Offa de Mercie a institué un tribut annuel au pape, appelé Denarius Sancti Petri (Denier de Saint-Pierre) ». Cet instrument a été réintroduit dans une version moderne « peu avant la fin des États pontificaux (1870) et donc la perte des revenus des possessions territoriales, une initiative surprenante visant à offrir une aide matérielle au Pape a vu le jour dans toute l’Europe et outre-mer ».
Ces dernières années, a rappelé l’orateur, « Le Denier a fait l’objet d’une attention particulière en raison de l’utilisation abusive de ses fonds ». Mais « le Saint-Siège a réagi par des poursuites pénales, une plus grande transparence et des réformes de gestion ».
De Summa a également rappelé le Canon 1271 du Code de droit canonique en vigueur, qui, s’inspirant lui aussi de la pratique ecclésiale des origines, a réaffirmé l’engagement dû des diocèses à soutenir financièrement le Saint-Siège. Dans son intervention, il a été largement fait référence aux collectes et aux rassemblements de ressources matérielles qui relèvent du Dicastère pour l’évangélisation en raison de leur lien direct avec l’œuvre missionnaire : des instruments tels que le « Fonds Ecclesiae Sanctae » (créé après le concile Vatican II, qui recueille les contributions envoyées par les diocèses au Dicastère pour répondre aux « priorités missionnaires universelles » (telles que la « formation plus approfondie des agents missionnaires ») et la collecte pontificale « Pro Afris », qui « a vu le jour pour la libération des esclaves en Afrique, mais a ensuite été étendue par Léon XIII à tous les esclaves du monde ».
Le responsable administratif du dicastère missionnaire a insisté à plusieurs reprises sur les critères de transparence rigoureuse qui doivent être respectés dans la gestion et la communication des dons, ainsi que sur la nécessité d’informer régulièrement les donateurs des œuvres réalisées grâce aux contributions recueillies.
Les Œuvres pontificales missionnaires, « moyen principal » de la communion missionnaire des évêques avec le Pape
Les Œuvres pontificales missionnaires (OPM) sont un instrument et un signe essentiel du lien de « communion missionnaire » qui unit tous les évêques à l’évêque de Rome. Le père Tadeusz Nowak, o.m.i., secrétaire général de l’Œuvre pontificale pour la propagation de la foi (OPPF), les a décrites dans son rapport comme un « réseau mondial au service du Saint-Père dans sa sollicitude et son souci pour l’Église dans les régions où l’Évangile est annoncé pour la première fois et où l’Église est jeune et en développement ». Le prêtre canadien d’origine polonaise, membre des Oblats de Marie Immaculée , a souligné que l’« instrument » des OPM manifeste et reflète dans sa structure même et dans ses pratiques de fonctionnement le lien de « communion missionnaire » qui unit le Saint-Siège aux Églises particulières.
Le réseau des OPM, a souligné le père Tadeusz, « est composé de 120 directeurs nationaux nommés par le Saint-Siège sur proposition de la Conférence épiscopale d’un pays ou d’une région donnée, et de directeurs diocésains nommés par l’évêque ordinaire de l’Église locale ». Les personnes qui travaillent au sein des secrétariats généraux des quatre œuvres, dont le siège est à Rome, sont « des employés du Saint-Siège », tandis que « les directeurs nationaux et les directeurs diocésains ne sont pas des employés du Saint-Siège. C’est pourquoi, a souligné le rapporteur, les OPM sont uniques, car elles impliquent directement à la fois le Saint-Siège et toutes les Églises locales du monde en communion avec le Successeur de Pierre. Et c’est précisément pour cette raison, a ajouté le père Nowak, que « notre réseau ne peut fonctionner correctement ni remplir pleinement sa mission sans la pleine collaboration de toute l’Église : le Saint-Siège et toutes les Églises locales qui composent la communion catholique ».
Le pape Léon XIV, se référant aux références aux OPM contenues dans le décret Ad gentes du concile Vatican II, a réaffirmé le 22 mai dernier que « les Œuvres pontificales missionnaires sont effectivement le « moyen principal » pour réveiller la responsabilité missionnaire de tous les Baptisés et pour soutenir les communautés ecclésiales dans les régions où l’Église est jeune ». C’est pourquoi, a fait remarquer le rapporteur, « les OPM ne sont pas une agence de financement, comme toutes les autres organisations non gouvernementales catholiques et laïques louables. Nous sommes un réseau qui soutient la mission évangélisatrice de l’Église », dont la « tâche principale » est de promouvoir et d’encourager « l’esprit missionnaire dans le cœur de tous les Baptisés, en les invitant à regarder au-delà des frontières de leur paroisse, de leur diocèse et de leur nation pour voir et apprécier les grands besoins de l’Église dans le monde entier et loin de chez eux ».
C’est pourquoi, a ajouté le père Nowak, en rappelant les caractéristiques distinctives des OPM, « contrairement à d’autres initiatives de soutien missionnaire, y compris celles des diocèses individuels et des conférences épiscopales, les OPM ont une portée universelle et se préoccupent de répondre à toutes les Églises qui dépendent du Dicastère pour l’Évangélisation ». Et le travail des Œuvres pontificales missionnaires, a insisté le secrétaire général de la OPPF s’adressant aux évêques récemment nommés, ne peut être efficace « qu’avec la pleine coopération et la collaboration de tous les évêques de chaque Église locale et des conférences épiscopales de chaque nation et région. Il appartient donc véritablement à tous les évêques de l’Église locale de veiller à ce que le réseau puisse remplir sa mission », en nommant les directeurs diocésains et en soutenant le travail du directeur national.
En outre, bien que les OPM ne soient pas une agence de financement, leur charisme originel comprend le travail visant à « faciliter le partage des biens matériels pour soutenir les Églises locales qui n’ont pas encore atteint un niveau adéquat d’autosuffisance ». En évoquant les missions spécifiques prises en charge par chacune des quatre œuvres (outre la Propagation de la foi, l’Œuvre de Saint-Pierre-Apôtre pour le soutien à la formation des prêtres, l’Œuvre de l’Enfance missionnaire et l’Union missionnaire pontificale), le père Nowak a rappelé la vaste gamme d’aides ordinaires et extraordinaires distribuées chaque année par les OPM pour soutenir la mission des Églises particulières, en rappelant lui aussi les critères de transparence et de durabilité garantis par les procédures d’octroi des ressources.
(Photo: Vatican Media)
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