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23 Nov 2024

Le Royaume comme horizon de la Mission, chemin pour la transformation sociale

L'une des interventions les plus remarquées et appréciées au CAM 6, est celle du laïc Rodrigo Guerra López qui a présenté une conférence portant le thème: « Le Royaume comme horizon de la Mission, chemin pour la transformation sociale dans un contexte d’inégalités ».

Par José I. Sierra / Enrique López - CAM 6

L’une des interventions les plus remarquées et appréciées par les participants au CAM 6, est celle du laïc Rodrigo Guerra López, secrétaire du dicastère pour la Commission pontificale pour l’Amérique latine. Il a présenté une conférence portant le thème: « Le Royaume comme horizon de la Mission, chemin pour la transformation sociale dans un contexte d’inégalités ».

Il a commencé sa conférence en soulignant les polarisations extrêmes qui existent en ce moment. Notamment le fait que l’Amérique latine continue à être la région du monde avec le plus d’inégalités socioéconomiques, un phénomène qui n’arrête pas de s’amplifier. Il est de plus en plus difficile de sortir de la pauvreté.

Pour M. Guerra López, nous nous retrouvons dans un moment de changement d’époque; les certitudes qui nous soutenaient auparavant disparaissent. Le sens des choses changent; les langages, les symboles, l’affection et la manière de socialiser ont changé profondément. Toutefois, Jésus continue d’être encore cette certitude existentielle qui nous rassure que le mal n’a pas le dernier mot.

Après l’épisode de sa tentation dans le désert, Jésus est « conduit par la force de l’Esprit, et sa renommée s’étend » à Galilée (Lc 4). À la synagogue de Capharnaüm, il a proclamé que « l’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a oint pour proclamer la liberté… »

La prémisse est la révélation de la Trinité dans l’Histoire et le signe des temps qui la révèle est la personne même de Jésus, au milieu du monde religieux de son temps, actualisant la Parole en lui. Ceci n’est pas une métaphore: nous devons savoir que le kérygme est trinitaire.

Pour approfondir cette démarche, M. Guerra López a fait allusion à diverses sources. La prédication de Jésus « et ses faits instituent l’Église, et l’effusion de l’Esprit la constitue », a-t-il indiqué en citant l’auteur J. Zizoulas. Il a également rappelé que « l’Église qui pèlerine est missionnaire par nature », comme on l’a déclaré à la conférence d’Aparecida. Et encore, la Mission de l’Église est d’annoncer et instaurer le Royaume dans tous les peuples (cf. Lumen gentium, n.5).

Dans Redemptoris mission 18, on identifie le Royaume avec la personne de Jésus. Le kérygme n’est pas une démarche de cohérence morale ou théorique. C’est une présence vivante qui se fait rencontre. Dans le discours que Paul VI a donné aux indigènes en 1968, en Colombie, une idée centrale est ressortie: l’Église ne peut pas abandonner la douleur du peuple latinoaméricain, parce que « en toute personne, tout spécialement chez celles qui souffrent le plus, les plus humiliées (…) il y a un sacrement de Jésus-Christ », a-t-il cité.

C’est ainsi que nous découvrons que la communion sacramentelle dans l’Eucharistie peut être seulement vécue pleinement en communion avec toute l’Église, avec le Pape et par fidélité envers les plus pauvres; aucun de ces éléments ne peut se passer de l’autre.

La communion a une dimension dynamique qui se vérifie en mouvement: c’est ce qu’on appelle synodalité, explique Guerra López.

Le monde autour de nous n’a pas besoin que l’on propose de nouveaux « messies sociaux », mais une rencontre avec Jésus-Christ qui rend possible le surpassement de la polarisation en vainquant la peur envers l’autre – qui est la cause principale des fractures sociales, familiales et ecclésiales.

L’Esprit Saint – et ceci ne vient pas d’un sentiment émotionnel – peut réellement renouveler la Terre. La reconstruction commence à partir de la petitesse, à partir de ce qui est vulnérable. La grâce opère sur cette nature de fragilité, qui accueille l’action de Dieu. La méthode est la rencontre avec l’autre, surtout avec le plus pauvre et humilié parce que « les concepts créent des idoles » (Grégoire de Nicée). « La foi est vécue à l’intérieur de la communauté de l’Église, elle s’inscrit dans un « nous » commun. » (cf. Lumen fidei, n. 43).

Et M. Guerra López de souhaiter: J’espère qu’au CAM 7 nous aurons un signe de confiance et l’on mettra sur la table d’invités les missionnaires vivant les situations les plus difficiles, le laïc le plus imparfait… Le Pape nous a laissé un signe semblable en faisant publier immédiatement le document non révisé du Synode. Dieu devient « bonne nouvelle » d’espérance, non en dépit des imperfections mais, précisément, en elles.

« J’espère qu’au CAM 7 nous aurons un signe de confiance et l’on mettra sur la table d’invités les missionnaires vivant les situations les plus difficiles, le laïcat le plus imparfait. »

L’assurance que l’Esprit Saint nous accompagne, part de la radicalité de croire que l’Esprit Saint peut se manifester dans et envers « tous, tous, tous », comme le Pape insiste. Et même si le témoignage des clercs et des consacrés constitue une immense bénédiction, il ne faut pas minimiser la mission des fidèles laïcs auxquels on confie, comme vocation constitutive, de chercher le règne de Dieu à travers la gérance des choses temporelles (cf. Lumen gentium, n. 31).

La Doctrine sociale de l’Église (DSÉ) est la forme par laquelle les laïcs s’orientent pour étendre le Royaume et ainsi éviter d’idéaliser les propositions de transformation. La DSÉ conduit à être critique des systèmes et des parties, à être libres, à suivre sa conscience qui se fascine avant tout du Christ et non du pouvoir.

Guerra López a conclu sa conférence en faisant allusion à Marie comme modèle du profil de l’évangélisateur. L’Amérique est l’exemple empirique qui démontre que la foi nous est arrivée par Marie, première missionnaire de l’Amérique qui, dans ses diverses dénominations, a présenté, par l’intermédiaire de Jésus, le vrai Dieu pour qui l’on vit. À Guadalupe, Marie a rencontré un indigène, « le dernier, le plus incompétent », de façon inculturée. En Juan Diego, c’est le laïc qui évangélise l’évêque qui demande un signe (ndlr : ce dernier ne croît pas que la Vierge lui est apparue et a eu un dialogue avec lui). Le laïc obéit en communion synodale et donne le signe. Le fruit de tout cela n’est pas seulement le miracle du manteau, mais le fait que deux peuples ennemis (aztèque et espagnol) se sont réconciliés.

Sociologiquement parlant, c’est inexplicable qu’un peuple colonisé et, d’un autre côté, un peuple oppresseur et enfermé réussissent à se rencontrer dans un esprit d’ouverture. C’est une rencontre qui fut réalisée grâce à Marie. Elle fut la première à accueillir la Parole et à croire que l’impossible est possible. C’est ainsi qu’elle fut la première missionnaire dans nos terres, appelant à « bâtir une maison sacrée, un espace de liberté dans notre Amérique ».

 

(Photo: OPM Canada / José I. Sierra)

 

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